Du 6 au 16 aout 2010

Voila, nous sommes dimanche 15 aout et nous prenons l’avion demain midi pour Londres. C’est très difficile de réaliser qu’on rentre à la maison et que le voyage se termine. Petit flash back…

Une fois à Salta, nous avons pris le temps de nous reposer pour que Gilles retrouve la forme. Nous sommes aussi retournés dans notre restaurant favori, El Rey Del Bife en compagnie de Dan et Evelien, un couple d’Hollandais que nous avions rencontré à Bariloche et que nous avions croisé plusieurs fois en Argentine. Nous nous sommes retrouvés par hasard dans le même hôtel et c’est donc autour d’un bon lomo et d’une bouteille de vin rouge de Cafayate que nous avons fêtés nos retrouvailles.

Gilles en forme, nous avons fait une petite escapade de deux jours à Cafayate, à 200 kilomètres au Sud de Salta, une ville réputée pour ses vins notamment le torrontés (vin blanc doux). Nous avons loué des vélos et avons parcouru 50 kilomètres dans la Quebrada de Conchas, au milieu d’un paysage de rêve et quasiment seuls sur la route. Du pur bonheur, sauf pour les cuisses et le derrière à la fin !

Vingt heures de bus et nous voici de retour à Buenos Aires ou nous avons décidé de passer quatre jours et de prendre le temps de nous reposer avant le grand retour. Nous avons visité le quartier de San Telmo qui regorge d’antiquaires et de restaurants. Ce quartier est aussi connu pour sa brocante du dimanche et le tango qu’on entend et voit dans les rues. Nous avons aussi fait un petit tour à La Boca, célèbre en Argentine pour son équipe de foot (où Maradona a fait ses débuts) et pour sa criminalité. Nous nous sommes aussi régalés de bœuf argentin pendant ces quatre jours, quel plaisir!

C’est sur cette note culinaire que nous terminons notre récit de voyage. Il faut dire qu’en ce dimanche soir, le moral est plutôt dans les chaussettes même si nous sommes très impatients de retrouver nos familles et nos amis. Une fois n’est pas coutume, nous allons nous exprimer séparément pour conclure cet article.

Hannah : Difficile de conclure sur dix mois de vie plus qu’intense ! Et je ne crois pas que c’est ce soir que je pourrais conclure quoi que ce soit. Mais je peux dire que j’ai bien sur adoré ce voyage et qu’il me donne envie de voyager encore plus. Cela va être difficile de trouver un équilibre entre carrière professionnelle et voyage, on verra bien…. Je pense qu’on postera un article quelques temps après le retour, histoire de boucler la boucle. C’était une très belle expérience personnelle et de couple. Nous avons rencontré un couple de Québécois au Cambodge qui nous a dit la chose suivante : faire un long voyage à deux, c’est comme prendre quinze ans dans son couple. Et c’est exactement cela. Nous avons passé 24 heures sur 24 heures ensemble pendant dix mois. Et cela a été un réel plaisir en ce qui me concerne et je me sens très privilégiée d’avoir pu vivre cela avec Gilles. Le voyage, ce n’est pas que du bonheur pour autant. Il y a eu des moments difficiles que je n’aurai jamais pensé surmonter et je n’aurais certainement pas pu sans Gilles (je pense à l’Inde). Mais je n’ai pas envie de retenir ces épisodes. Je pense avoir beaucoup « grandi » dans ce voyage et j’espère que je vais pouvoir m’appuyer sur ce tronçon de vie pour construire mon avenir.

Coté professionnel, je ne sais pas du tout ce à quoi je me destine, étant donné que nous avons pris la décision de passer au moins neuf à dix mois à Agen (le temps d’une saison de basket) et que je ne pourrai pas faire ce que je faisais a Bruxelles. Je dois avouer que prendre la décision de partir n’a pas été facile pour moi, même si j’en rêvais. J’adorais ma vie à Bruxelles, mon travail et mes amis. Et j’aurais été très heureuse de continuer de vivre là-bas. Mais aujourd’hui je peux dire que je ne regrette pas une seule minute de m’être lancée dans cette aventure. Faire un tour du monde est quelque chose de très accessible aujourd’hui avec un passeport français (et quelle chance nous avons d’avoir un tel passeport !). Et ce n’est certainement pas une question d’argent – même si il faut économiser pendant un certain moment avant de partir bien évidemment. C’est juste une question de choix de vie et de motivation. Nous n’avions aucune attache, pas d’enfants alors on s’est dit que c’était le bon moment pour voyager. Ces dix moi sont passés à une vitesse incroyable. Je me vois sur le quai de la gare d’Agen, en train de dire au-revoir à nos familles les larmes aux yeux en me disant « dans quoi on se lance ? », comme si c’était hier.

Si je ne sais pas encore ce que je vais faire d’un point de vue professionnel, nous avons cependant des projets qui vont peut-être nous occuper plus que la préparation de ce voyage avec notre mariage prévu courant 2011 et peut-être une exposition photo dans la région agenaise. Pour finir, je voudrais juste ajouter que les retours que nous avons eus sur nos articles nous ont beaucoup touchés et je remercie tous ceux qui ont suivi nos aventures de près ou de loin.

Gilles : Ca arrive vite la fin d’un voyage et que c’est dur. On croit avoir acquis une liberté éternelle, celle de pouvoir aller au gré de ses envies et de ses humeurs, faire des rencontres agréables ou pas, voir des paysages incroyables, se faire préparer des petits plats. Bien sur, tout ca n’est pas la vraie vie. Pourtant ca le fut pendant près de 10 mois. Les préparatifs en eux- même nous avaient déjà permis de nous évader. Quel plaisir de passer du temps à préparer son itinéraire, choisir les pays, la durée. Le voyage commençait déjà. Cela fut moins agréable au moment de ranger son armoire et sa vie dans 60 litres et de faire les au-revoir à tout le monde. Notre premier mois en Inde, baptême de feu, nous a préparés pour le reste de notre voyage. S’il est un pays marquant, c’est bien celui- là. Pour le reste, je m’abstiendrai de tout classement. Pourtant, la question reviendra inévitablement : quel est le pays que vous avez préféré ? Aucun et tous à la fois. Chaque pays a été dépaysant, surprenant, passionnant, déroutant dans certains aspects. Alors je garde tout en mémoire, j’essaie de ne rien occulter, de ne pas faire de raccourci trop facile. Et si à la fin, tout semble beau et qu’il ne reste que du positif, ce n’est pas pour autant que nous n’avons eu que des moments faciles. Le voyage est une école de la vie. Nous avons eu nos moments d’énervements, de colères, de plaintes. Pourtant jamais – excepté en Inde- nous n’avons douté. Nous avons toujours avancé, forts de cette envie de parcourir le monde.

Me concernant, je ne crois pas avoir beaucoup changé depuis mon départ. Je reste un humaniste qui aime la vie et les gens – sauf les backpackers qui ne savent pas faire la vaisselle. Bien sur le voyage m’a donné de la force et c’est vrai que j’ai l’impression de pouvoir renverser des montagnes. Je suis aussi un peu plus râleur et impatient, la faute aux nombreux chauffeurs de bus et autres personnes qui m’auront fait parfois crisées pendant ces mois. Mais le voyage m’a aussi et surtout permis de prendre gout à la photo et peut-être bien l’envie de faire quelque chose dans ce domaine.

Coté couple, je n’avais pas de craintes quant à l’évolution de notre relation avec Hannah. J’avais confiance en elle et en nous et je savais que l’on pourrait faire face à tout. Le voyage n’a donc fait que confirmer qu’entre nous, ca tient la route et que notre amour est solide. Nous scellerons cela par un mariage dans l’année 2011.

Nous nous tournons maintenant vers l’avenir et la faculté d’adaptation que nous avons développée tout au long du voyage ne sera pas de trop pour envisager un retour à une vie plus normale. La saison de basket et le boulot au club d’Agen pour moi et un peu plus d’incertitudes pour Hannah.

Ce qui est sûr, c’est que pendant dix mois, nous avons pris beaucoup beaucoup de plaisir. Je tiens à remercier les lecteurs fidèles et les moins fidèles et toutes les personnes qui nous ont envoyé des commentaires, toujours fort appréciés. Pour conclure, je ne peux qu’encourager tous ceux qui se sont pris à rêver en lisant le blog à faire comme nous et s’élancer sur les routes du monde.