Du 23 février au 10 mars (première partie)

Nous étions prévenus, le Laos est un pays calme ou l’on prend le temps de vivre. Si chaque déplacement a été une rude épreuve pour nos petits nerfs fragiles (les vendeurs de tickets de bus sont particulièrement malhonnêtes), nous avons tous les quatre été émerveillés par les dix-sept jours passés ici. Nous avons découvert un pays fascinant ou la gentillesse des gens contraste avec la misère dans laquelle ils vivent. Pays le plus authentique que nous ayons parcouru en Asie du Sud-Est, les modes de vie ne semblent pas avoir changé depuis des décennies. Nous avons cependant été choqués par la déforestation massive dans le Nord du pays qui bouleverse l’harmonie du paysage et surtout la biodiversité.
Notre arrivée dans le pays s’est faite à Ventiane, capitale la plus tranquille que nous ayons visitée jusqu’ici. Bordant le Mékong, la ville permet une belle approche de la vie lao. Ici tout est posé. On a l’impression de pénétrer dans un petit village ou la vie s’écoule paisiblement, dans une espèce de nonchalance tellement agréable en comparaison des nombreux endroits ou nous sommes passés. Coté cuisine, Ventiane propose de nombreux restaurants français auxquels nous n’avons pas su résister. Premier repas et une entrecôte- frites assez conséquente pour Gilles et une délicieuse pizza pour Hannah. Dans la ville pas grand-chose à voir ni a faire. Nous prendrons quand même le temps de visiter deux temples formidables, dont le Wat Sisaket, remarquable de sérénité et tellement beau. Nous profiterons également de notre temps passé ici pour aller voir le marché local d’un calme surprenant mais vraiment agréable, ou pour nous promener au bord du Mékong (actuellement en travaux, donc pas terrible). Voila pour Ventiane, une ville pas déplaisante mais pas vraiment décoiffante. Nous y passerons deux jours le temps de préparer notre programme pour la quinzaine de jours qu’il nous reste à passer dans le pays.
Apres de longues réflexions sur l’intérêt d’une visite à Vang Vieng, nous avons choisi de faire étape dans cette ville lovée au milieu des montagnes mais bien trop souvent associée aux fêtards qui viennent faire du tubing (petites explications : la ville est connue des touristes anglo-saxons comme étant la Mecque de l’alcool très bon marché et des loisirs aquatiques comme la bouée et le kayak). Finalement nous n’avons pas regretté cette petite étape : nous avons loué des scooters pour découvrir des villages reculés, situés dans des paysages magnifiques. Après une première halte sur les bords d’un lagon bleu turquoise et menant à des grottes assez impressionnantes, nous avons du nous arrêter au premier village venu. La roue avant du scooter de Serge et Nadine n’a pas supporté le chemin cahoteux (c’est le moins qu’on puisse dire) et nous avons du trouver le mécano local d’un village Hmong. Si l’expérience de la crevaison n’a pas été des plus agréables, nous avons passé un très bon moment en compagnie des gens qui nous ont gentiment porté secours.

Nous nous sommes retrouvés entourés d’enfants qui semblaient heureux et curieux de voir des falangs (étrangers en lao). Une réparation de fortune sur un pneu complètement éclaté (ouvert sur une dizaine de cm) et nous voila repartis sur nos scooters. Quelques centaines de mètres plus loin, le pneu a de nouveau rendu l’âme ! Nous avons du employer les services d’un songthaew qui passait par la et entasser le scooter, Serge et Nadine ainsi qu’une dizaine d’enfants dans l’arrière du pick-up. Nous finirons de rentrer avec Hannah sans problème particulier. Malgré la crevaison, la sortie fut pleinement satisfaisante.

Le lendemain, par un temps des plus agréables, nous avons descendu en Kayak la rivière Nam Ou sur une dizaine de kilomètres. Après un petit passage dans l’eau, (renversés par les rapides pourtant pas bien méchants ; « Rame Gilles, on est dans les arbres, rame !!! »), nous avons pu assister au point d’orgue de beaucoup de jeunes se rendant au Laos. Plusieurs bars sont installés le long de la rivière et les deux principales activités sont le lever de coude et le saut dans le vide accroché à une sorte de trapèze-tyrolienne. Nous avons passé sur les activités et avons continué sur la rivière, décidément bien tranquille en saison sèche, pour finir notre balade sous le soleil se couchant au milieu des pains de sucres.

Le lendemain, seconde crise avec un chauffeur de bus (la première concernait notre transport avec un bus soit disant « VIP »). Nous avons donc effectué les 140 Kms d’une route de montagne assez coriace avec un minibus dont le radiateur était visiblement cassé (les 10 bouteilles d’eau derrière le siège du chauffeur était là pour en attester). Malgré les pics d’énervements, nous avons effectué un véritable voyage dans le temps. Nous sommes passés par des routes superbes, traversant des villages qui semblent vivre hors du temps où les gamins vêtus de guenilles ne vous demandent pas un centime et vous regarde l’air agar, loin de la réalité qui est la nôtre. Nos petits soucis de minibus étaient donc des préoccupations de riches qu’on se devait de relativiser.
Arrivés à Luang Prabang, nous nous sommes installés dans une sympathique guesthouse et avons découvert la ville pendant trois jours. Nous avons commencé par la visite du marché de nuit, superbement installé dans la rue principale et affichant un artisanat local de toute beauté. Qu’il fut dur de rester sage et de ne pas remplir nos sacs au delà du convenable. Les jours suivants, nous nous sommes promenés dans les rues calmes de la ville et avons visité les magnifiques et nombreux temples présents ainsi qu’un marche saisissant de couleurs et de diversité.

Nous retiendrons notre visite du Wat Xieng Thong en fin de journée, dans une lumière incroyable. Les chants des bonzes sortant du temple et la beauté de celui- ci nous ont totalement envahis. Seuls sur le site, nous avons pu pleinement en apprécier la sérénité.

Plusieurs options se présentaient à nous pour la suite de notre périple mais c’est finalement le village de Muang Ngoi qui fera l’objet de notre choix (sous la chaude recommandation de gentils Québécois (c’est un pléonasme) rencontrés au Cambodge). Muang Ngoy, c’est un village au milieu de nulle part, uniquement accessible en bateau depuis le petit bled de Nong Khiaw et où l’électricité fonctionne deux heures par jour. Le confort spartiate ne nous a pas empêchés d’apprécier la vie tranquille dans le village reculé, ou le farniente s’est imposé à nous.



Nous effectuerons quand même un treck un peu décevant (un guide pas bien bavard se remettant de sa soirée de la veille bien arrosée et une déforestation assez massive), nous avons marché dans la jungle où sont installés plusieurs villages où vivent des minorités. Nous avons pu constater de grandes disparités entre les minorités de deux villages pourtant voisins. Dans la plus pauvre, de jeunes enfants (pas plus de dix ans) s’occupaient des plus petits (les parents quittent le village la journée pour couper les arbres) et vivent dans des conditions plus que précaires. Ce fut une expérience choquante et dérangeante pour nos yeux d’Européens.


PS : suite et fin du Laos dans quelques jours….