(Laos, suite et fin du précédent article )

Dérangeante n’était peut-être pas le terme le mieux approprié pour décrire notre expérience. Il serait plus exact de dire que nous nous sentions plus intrus que touristes. Nous avons souvent été confrontés à la pauvreté en Asie mais dans ce village, nous avons vraiment ressenti un niveau de misère et un misérabilisme peu fréquent. Par endroit nous avons vu des gens pauvres mais qui exprimaient une certaine joie de vivre. La, une tristesse et un ennui profond semblait habiter les nombreux enfants et les quelques adultes. Cela nous a tout simplement fait mal au cœur.
Notre petite escale a Muang Ngoi terminée, nous avons pris la direction de Luang Nam Tha. Notre arrivée dans la ville (ou tout du moins a dix kilomètres de la ville) restera dans les annales. Accompagnés d’un couple américain aussi remontés que nous, nous bataillerons pendant une bonne heure avec notre chauffeur pour qu’il nous emmène à la station de bus au centre ville et non pas a dix kilomètres de celle-ci. Bilan, après s’être énervés et avoir utilisé des mots qu’il ne convient pas de citer ici, nous avons été obligés de prendre un tuk-tuk (un copain de notre chauffeur de minibus évidemment) jusqu’en ville. Une heure après, alors que nous sortions de notre chambre, un officier de police nous a gentiment invités à le suivre au poste pour le motif suivant : impolitesse (il y avait aussi eu un malentendu sur le montant à payer pour se rendre en ville. Nous avions simplement mentionné que nous pourrions dénoncer ces pratiques très malhonnêtes a la police, le chauffeur de tuk-tuk a du avoir peur et a pris les devants en nous dénonçant d’abord !). Ne nous laissant pas démontés et après deux ou trois explications et quelques « yes Sir », il nous a finalement laissés en paix. Nous pourrons finalement manger notre repas libres mais encore sur les nerfs. Le lendemain, encore un peu retournés par cet épisode et par la longue route effectuée la veille, nous ne prendrons pas la direction de Muang Sing comme prévu mais nous reposerons. Pour les uns, ce sera une ballade à vélo, et pour les autres, en scooter dans les merveilleux petits villages alentours.



Viang Poukkha sera notre dernière destination au Laos. Ici, pas grand-chose à faire à part quelques uns des treks les plus spectaculaires du pays. Pourtant, c’est bien la que nous aurons le meilleur contact avec la population composée de minorité et de Lao. Ainsi, lors d’une ballade improvisée en fin d’âpres- midi dans le village, nous avons pu échanger un nombre incalculable de « Sabaidi » (bonjour) avec les habitants. Les enfants, aussi amusés que nous, semblaient éberlués par notre présence, et nous suivaient parfois pendant un moment. Certains adultes nous regardaient avec une curiosité qu’ils avaient du mal à cacher. Nous nous sommes même sentis un peu extraterrestres lorsque des femmes khamus nous ont regardés avec des yeux écarquillés. C’était surement la première fois qu’elles croisaient des falangs. Malgré la pauvreté présente, à aucun moment nous nous sommes sentis de trop et nous avons pu ressentir une certaine joie de vivre (toute relative).

Puisque nous étions venus spécialement pour ca, nous avons fait une bonne journée de randonnée au travers de la jungle encore bien préservée (contrairement au reste de la région) menant à un village de minorités bien isolé (Khamus et Black Hmongs). Entre une foret luxuriante, un repas typique (succulent !) mangé sur des feuilles de bananiers et une mini entorse pour Gilles dans l’ascension, l’expérience fut unique.

Pendant sept heures, nous en avons pris plein les yeux et avons pu apprécier à quel point nos guides connaissaient la nature et les bienfaits de certaines plantes. Nous reviendrons donc comblés et heureux de notre journée.

Cette fin de séjour aura réussi à nous faire oublier nos petits soucis avec la police (officier un brin alcoolo), nous laissant l’image d’un pays attachant et fascinant. Comme un dernier clin d’œil à nos aventures dans les transports au Laos, nous effectuerons notre dernier déplacement vers la Thaïlande sur la banquette arrière – inconfortable au possible – d’un pick-up (auquel nous avions réussi à échapper jusque-là !) transportant une vingtaine de personnes derrière nous. Nous quittions le Laos comme nous y étions entrés, un tampon dans le passeport et aucune vérification à la sortie du pays. Nous embarquions ensuite dans une petite barque pour traverser le Mékong et rejoindre le poste de frontière thaïlandais.
Ce séjour au Laos aura mis nos nerfs (fatigués) à rude épreuve, malgré les quatre mois d’Asie que nous avions derrière nous. Ce qui restera dans notre tête, ce sont ces paysages fantastiques de rizières, de montagnes, de rivières et de jungles ainsi que l’extrême pauvreté et la déforestation, toutes deux effrayantes. Malgré des conditions de vie difficilement acceptables, la gentillesse des gens nous a beaucoup touchés.