Du 23 au 27 mai 2010

Prendre le train n’a jamais été une fin en soi à l’exception des trains mythiques comme le Transsibérien ou le Toy Train du Darjeeling. Le Ghan n’a pas la renommée de ces trains mais il fait parti des quelques trains de légende. Il part d’Adélaïde et traverse le désert pour rejoindre Darwin, tout au nord de l’Australie. Nous nous sommes arrêtés à Alice Springs qui est quasiment à mi-chemin, après avoir parcouru quelques 1600 kilomètres durant 26 heures. Confortablement installés dans nos sièges, nous avons bien apprécié le trajet. Nous n’avons pas été épatés par la qualité du service à bord mais le temps est passé relativement vite. Les paysages, bien que peu variés, nous ont offert une excellente introduction à ce que nous allions voir pendant notre séjour dans le Red Centre.

Alice Springs n’a rien d’une ville paradisiaque. Située au milieu de l’Australie, elle rassemble des gens qui n’ont pu s’épanouir ailleurs dans le pays (dixit notre guide) et la boisson semble être leur passe-temps préféré (il n’y a pas grand chose d’autre à faire). Il y a également une importante communauté aborigène dans la région d’Alice Springs et on croise beaucoup d’Aborigènes en ville qui trainent dans les rues, le regard perdu et la démarche nonchalante (ils ont pour la plupart étaient exclus de leur communauté parce qu’ils sont alcooliques – l’alcool étant strictement interdit chez les Aborigènes à cause des ravages qu’il cause). Il en résulte une atmosphère un peu particulière avec laquelle nous n’avons pas spécialement accroché même si l’expérience fut intéressante. Nous étions cependant bien contents de partir dès le lendemain matin de notre arrivée pour un tour de trois jours dans le Centre Rouge. Peu habitués à voyager en tour organisé, nous avons choisi cette option car elle nous semblait être un bon compromis. Partir en excursion vers Uluru en amoureux n’était pas vraiment l’idéal. Entre le prix de la location d’une voiture, le prix prohibitif de l’essence et la conduite dans le désert pendant 1500 kilomètres (surtout la fatigue engendrée), nous étions découragés d’avance.

Bien nous en a pris car nous avons passé trois jours incroyables. Nous avons pris nos marque dans notre groupe de 16 personnes et nous avons même apprécié de rencontrer des gens et partager un peu de notre bonheur avec eux. Notre guide a également joué un rôle important dans la réussite de cette expédition tant elle a été agréable, professionnelle et particulièrement motivée. Voila pour l’impression générale sur notre tour. Mais qu’avons- nous vu vraiment et comment s’est organisé notre périple ?

Après avoir parcouru quelques 500 kilomètres depuis Alice Springs, nous sommes partis en balade dans les Katja Tjutas pendant presque deux heures. Avant d’arriver sur le site même, la vue sur les montagnes vaut à elle seule la traversée du désert (ce ne sont pas des montagnes techniquement parlant mais on va les appeler ainsi).

Il est difficile d’exprimer notre ressenti lors de la balade. D’un coté on a pu admirer le site qui est d’une beauté étonnante : d’énormes montagnes arrondies par le temps et nous avons adoré le rouge de la terre contrastant avec le bleu du ciel et le vert de la végétation présente (a notre grande surprise, il avait beaucoup plu la semaine précédente !) ; d’un autre coté, il y avait quelque chose de très spirituel et chargé de signification pour les Aborigènes. Seulement dix pour cent du site est accessible aux touristes. Pour les Aborigènes, les Olgas (autre nom donné aux Katja Tjutas) sont strictement réservées aux hommes. Aucune femme aborigène n’a donc le droit d’aller sur le site.





Après avoir effectué un dernier arrêt pour admirer les belles formes rondes des Olgas, nous nous sommes dirigés vers Uluru, peut-être le plus célèbre monolithe au monde, en tous les cas, un des symboles de l’Australie. Le coucher de soleil sur The Rock fut en tout point incroyable. Alors que sur les photos on ne voit qu’un gros rocher rouge embrasé par le soleil, une fois sur place, l’impression est vraiment différente. Quelque chose de mystique émane d’Uluru. Malgré la horde de touristes présente, on se sent privilégié de pouvoir être là à le contempler.

Ce sentiment ne sera que renforcé par la balade du lendemain matin, au soleil levant. Seuls (avec notre groupe) sur le chemin, nous avons parcouru les 10.4 kilomètres autour du monolithe. La magie a réellement opéré. Plus encore que la veille, nous avions l’impression de revenir aux origines du monde. Nous avons tous les deux été envahis par un sentiment d’humilité mêlé de respect pour ce rocher si important pour les Aborigènes. Car plus qu’un roc, le site est d’une importance majeure dans la culture aborigène. Si de loin Uluru semble n’être qu’un gros rocher lisse, la promenade nous a permis d’apprécier les différentes formes dessinées par le temps, ou par les animaux selon les légendes aborigènes. De nombreux endroits sont sacrés et constituent des éléments essentiels de l’histoire des ancêtres aborigènes et de lieux de cérémonie. Aux explications géologiques sur la création d’Uluru, nous avons de loin préféré les légendes aborigènes, toujours très imagées et pleines de créativité. Beaucoup de touristes choisissent de faire l’ascension du monolithe ce qui nous a vraiment choqués. Il y a en effet un grand panneau au pied d’Uluru qui explique pourquoi les Aborigènes n’aiment pas que les touristes s’y aventurent. La première raison est qu’il s’agit d’une ascension périlleuse et les Aborigènes se sentent responsables de chaque mort (il y a eu un mort quelques jours avant notre visite) ; la seconde, comme vous l’aurez compris, est qu’Uluru est d’une grande importance spirituelle. On a observé les gens qui montaient sur le monolithe pendant un petit moment : pas un n’a pris la peine de lire le panneau comme s’ils portaient des œillères. Nous avons demandé pourquoi l’ascension n’était pas strictement interdite. Notre guide nous a répondu que ce le sera surement dans quelques années mais que pour l’instant Uluru est une attraction touristique qui rapporte beaucoup (trop ?) d’argent pour que la montée soit interdite. Voila pour Uluru, un site ou il faut être sur place pour ressentir les choses et pleinement entendre ce que la terre a à nous dire.





Dans l’après-midi, après un dernier coup d’oeil sur The Rock, nous sommes partis en direction du Kings Canyon (à 500 kilomètres). Pour vous expliquer un peu le coté logistique, les logements et hôtels dans le désert sont si chers que dans la plupart des tours organisés, les gens dorment dans des camps constitués de tentes et d’une cuisine. Dans notre tour, nous étions également chargés de faire la cuisine et de l’organisation des soirées (notamment la préparation du feu). Bien qu’un peu boyscout à notre gout, les deux soirées ont été assez tranquilles et agréables. La deuxième soirée, au pied du Kings Canyon, fut particulièrement sympa. Nous avons fait cuire un damper (sorte de pain au fromage et aux herbes de Provence en forme de pièce montée) qu’ Hannah a préparé puis on l’a mis à cuire dans un gros plat en fonte à même le feu et c’était plutôt bon (et même à refaire de retour a la maison!). Nous avons bien accroché avec quelques personnes du groupe et avons discuté pendant un bon moment autour du feu avant d’aller nous coucher (on s’est tout de même senti un peu vieux parce qu’une bonne partie du groupe était plus jeune que nous).
Le lendemain, (encore un) réveil aux aurores pour marcher dans le Kings Canyon. La encore, balade très très sympa au milieu du canyon. La roche rouge avec ses strates formées par l’activité volcanique il y a des centaines de millions d’années était magnifique. Si le site n’a pas l’aspect mystique d’Uluru, il est par contre beaucoup plus impressionnant (on s’y est senti tout petit !) et nous avons passé un bon moment à longer et surplomber les falaises, monter et descendre les rochers. Notre guide nous en apprendra aussi un peu plus sur la végétation locale qui s’est adaptée au climat et à un milieu assez hostiles.




Après la marche, de nouveau 500 kilomètres nous attendaient pour regagner Alice Springs. Le sommeil s’est alors emparé de nous. Et une fois les au-revoir effectués avec nos collègues de tours, nous nous sommes empressés de partir nous reposer (pour récupérer des trois réveils a 5 heurs du matin) , des images pleins la tête. Voila pour nos trois jours dans le Red Centre, une expérience plus que concluante et que nous avons vraiment beaucoup aimée. Le lendemain nous avons passé une journée pas très palpitante à Alice Springs avant de prendre l’avion pour Cairns (sur la cote Est).
Dans le prochain article, nous relaterons nos aventures sur la grande barrière de corail ainsi que l’accueil d’Andre, Liv et leur petite fille Shanty (rencontrés en Nouvelle Zélande) dans leur maison qui se trouve au milieu de la rainforest (foret tropicale).